Boyd.
Bonjour à tous,
Pour une fois, c’est moi qui vais écrire un article sur le site (jusqu’ici je dois avouer que mes parents ont fait tout le boulot). Je me doute bien que vous me connaissez déjà car mes parents vous parlent souvent de moi mais j’ai le sentiment que je dois quand même commencer par le commencement et me présenter.
Je suis né le 09 septembre 2006 et on m’a baptisé avec un nom « qui en jette » : Boyd du Royaume de Diane, plutôt classe ! Mon père biologique s’appelait Valko des Guerriers Pacifiques et ma mère U’Ledy vom Lowenherzritter (eh oui, je suis un vrai allemand !). Il n’y a pas d’erreur vraiment quand on les regarde, la ressemblance est frappante, je suis bien leur fils !
Je suis le portrait craché de mon grand-père aussi : Oscar du Domaine de la Chiennerie. Lui, c’est pas un plouc ! Il a gagné des douzaines de prix de beauté et de travail à travers le monde, et à l’époque où je suis né, c’était encore le Rottweiler le plus titré du monde, plutôt cool non ?
Quand j’avais 3 semaines, mon papa adoptif, Alexys, est venu nous voir avec mes frères et soeurs, il voulait donner une famille à l’un de nous. Tous mes frères et soeurs étaient bien sagement regroupés sur le rebord du chenil, quand je suis arrivé comme une balle, j’ai bousculé tout le monde, avant de me casser la gueule parce que je ne savais pas encore bien utiliser mes « freins ». Je pense que c’est ce qui a fait craquer Alexys car il m’a choisi tout de suite après.
Je n’étais pas sevré et ai dû rester dans mon élevage quelques semaines de plus avant qu’Alexys viennent me chercher pour de bon. A ce moment-là, j’avais 2 mois (il n’a pas de photo de cette période et c’est bien dommage, j’étais vraiment une mignonne boule de poil).
J’ai commencé les premiers 18 mois de ma vie avec lui dans la Drôme, dans une jolie petite maison, où j’avais même une autre soeur adoptive. C’était vraiment cool là-bas, on sortait tout le temps promener, se baigner, c’était la belle vie !
A cette époque-là, je me suis découvert une vraie passion pour la randonnée aussi. On allait souvent dans les Alpes avec mon papa, et puisque j’étais devenu un vrai pro, j’avais même eu droit à mes sacoches pour pouvoir transporter mon matériel comme un grand !
En 2008, on a déménagé vers Marseille, et en 2009, mon papa a rencontré Valérie. Je l’ai tout de suite adoptée et je crois qu’elle aussi, et elle est devenue aussitôt ma nouvelle maman.
Le courant est tout de suite bien passé entre eux deux, et nous sommes devenus une vraie famille.
Ils avaient tous les deux les mêmes projets fous, comme cette fois où ils ont économisé pendant plusieurs années pour réaménager un camion pour partir voyager. Alors bien sûr, j’étais de la partie pour ce projet, qui n’était pas si fou que ça puisqu’en 2010, nous sommes enfin partis !
Nous avons voyagé pendant presque un an dans 30 pays d’Europe, c’était incroyable. Tous les jours, une nouvelle herbe, de nouvelles odeurs avec des dizaines d’endroits où marquer mon territoire. Pendant un an, je n’ai jamais eu à pisser 2 fois au même endroit, c’était génial ! Et les endroits paradisiaques où j’ai pu poser mes pattes, je ne vous raconte même pas !
Nous sommes ensuite retournés nous poser pour un temps (il fallait bien que mes parents économisent pour un autre voyage ! ^^), mais en Bretagne cette fois. J’ai adoré ma vie là-bas, déjà il faisait moins chaud, mais aussi, les gens étaient vachement plus cools avec moi, et ne me prenaient pas pour le diable en personne quand je marchais tranquillement dans la rue (allez savoir pourquoi, dans le sud, je terrorisais tout le monde, c’était assez étrange).
Bon ensuite, vous connaissez l’histoire… nous sommes tous repartis en voyage, et pour 2 ans cette fois, et en vélos !! Bon j’admets que personnellement, je n’ai pas beaucoup pédalé… Mais bon, j’ai quand même dormi sous une tente presque tous les jours et traversé de nombreuses régions plus ou moins recommandables donc s’il-vous-plaît, on ne sous-estime pas mon côté aventurier !!!
Plus récemment, vous avez entendu parler des mauvaises nouvelles je pense… Comme vous le savez, on m’a diagnostiqué deux cancers différents : 3 tumeurs sur la rate et un cancer des os. Il me restait quelques jours à quelques semaines qu’ils ont dit ! C’est pas de bol quand même ! Avec tout ce que j’ai vécu et ce à quoi j’ai résisté (ma broncho-pneumonie quand j’étais bébé, mon saut depuis le barrage… certains d’entre vous connaissent l’histoire…), c’est quand même con qu’il m’arrive ça dès notre retour de voyage ! Mais bon, j’ai essayé de me faire à l’idée, je ne suis tout de même plus un jeunot c’est vrai.
Mes parents ont été anéantis évidemment, ils ne s’attendaient pas du tout à ça. Mais bon, je sais qu’ils ont fait tout leur possible pour me donner les meilleurs soins et traitements et ce, sans jamais regarder au prix.
Cela fait 12 jours que le diagnostic est tombé, et depuis, bah, mes parents m’ont traité comme un coq en pâte. Pour le coup, j’ai eu droit à nos derniers jours de voyage en vélo en mode cabriolet et de faire ce que je voulais (et même quémander à table !). Depuis, je n’ai mangé que de la viande fraîche : steaks hachés, poulets entiers, pièces de boeuf bourguignon, saucisses… le paradis.
D’ailleurs, ça c’était aussi grâce à vous, et je tenais à remercier infiniment toutes les personnes nous ayant fait un don pour que je puisse me faire plaisir avec tout ça, c’était que du bonheur.
Mais bizarrement, ce matin, j’avais ma gamelle bien remplie de bourguignon et… je ne sais pas, je n’avais pas trop faim. En fait, cela faisait déjà 24-36h que je n’avais plus trop la pêche.
Ce matin, je me sentais très faible et les morceaux de viande étaient trop gros pour moi. Je crois que ma maman a compris car elle est partie me découper tout ça à la cuisine et m’a nourri morceau par morceau, de sa main à ma bouche.
C’était super bon, mais 10 minutes après, je me suis senti très mal. Mon estomac a gonflé de façon impressionnante. J’ai essayé de vomir pendant 30 minutes sans résultat.
Mes parents non plus n’ont pas trop compris ce qu’il m’arrivait mais j’ai vu à leurs têtes que quelque chose n’allait pas. Nous sommes partis tous les 3 chez le vétérinaire de garde. Le trajet a été insupportable et je n’ai pas arrêté de convulser, la douleur était terrible, mais ma maman m’a demandé de tenir le coup, alors je l’ai fait.
Arrivés chez le véto, le verdict est tombé.
C’était bien mon estomac qui s’était inflammé à cause de la nourriture. Il devait au moins faire 5 ou 6 fois sa taille normale, je dois avouer que c’était très impressionnant. Je n’arrêtais pas de baver et de me faire caca dessus aussi, pas très glamour…
En fait, la véto nous a expliqué que mes tumeurs a la rate devaient prendre tellement de place maintenant qu’elles devaient comprimer mon estomac à l’extrême. Pour régler ça, la seule solution était l’opération bien sûr, mais elle a dit qu’étant si faible, j’avais très peu de chances de me réveiller après l’anesthésie, et que ce serait de l’acharnement pur et simple. Puis, elle nous a laissé un moment pour réfléchir.
Mes parents ont échangé quelques phrases entre leurs larmes, et ils ont pris la meilleure décision pour nous tous, de faire en sorte que je ne souffre plus. Je sais que c’est sûrement l’une des pires décisions qu’ils aient eu la prendre dans leurs vies, j’ai bien vu que c’était très difficile pour eux.
Cependant, j’ai tout de suite été reconnaissant. Ils ont remarqué à mon comportement que cette fois, j’étais vraiment fatigué. C’est bien la première fois que je vais le véto sans être excité, sans renifler toutes ces autres odeurs de chien. Non. cette fois, je suis resté couché tout le long, sans bouger, et ils ont compris qu’il était temps.
La vétérinaire est allé chercher le nécessaire. Mes parents se sont installés par terre, avec moi, pour m’accompagner. J’ai posé ma tête sur les jambes de mon papa, les pattes dans les mains de ma maman, et ils m’ont papouillé jusqu’au bout.
La véto m’a d’abord injecté un tranquilisant et je me suis tout de suite relaxé, a suivi l’anesthésiant et le produit qui a fait que je ne me réveillerai plus.
Je n’ai pas souffert. Tout au long du processus, je suis resté couché, très calme, et j’ai profité de mes derniers instants avec ma famille, qui aura toujours été là pour moi, et ce, jusqu’à la dernière seconde, littéralement.
Je ne regrette rien.
J’ai eu une vie de chien incroyable, j’ai vu et fait des choses que 90% des chiens de la planète, et même 90% des humains de la planète ne connaîtront jamais. Il n’y a jamais eu de temps mort. Ma vie a été bien remplie : d’aventure, et d’amour, ça l’amour on peut dire que j’en ai eu !
Avec tout ça, je pars en paix. Il est temps pour moi de me reposer et je pense que tout le monde sera d’accord pour dire que j’ai bien mérité ma retraite !!!
Au revoir à tous, merci d’avoir fait partie de ma vie, avec une caresse, un mot gentil, de près ou de loin.
BOYD
09.09.2006 – 21.06.2015